Wednesday 15 June 2011

Laetitia Ciccolini: Le personnage de Syméon dans la polémique anti-juive : le cas de l’Ad Vigilium faussement attribué à Cyprien de Carthage (CPL 67º)

L’Ad Vigilium (Vig) se présente comme la lettre d’un certain Celsus à l’évêque Vigilius pour accompagner l’envoi d’une traduction latine de la Controverse de Jason et Papiscus. Vig ne comporte pas d’éléments permettant de datation précise, mais l’examen de ce qui est explicitement thématisé par l’auteur (le lien entre épiscopat et martyre) comme de ce qui transparaît sans être l’objet propre du discours (le contexte culturel, la théologie) permet de délimiter une fourchette chronologique comprise entre le milieu du IIIe s. et le début du IVe s. Vig a surtout retenu l’attention pour les quelques lignes qu’il comporte sur ce dialogue aujourd’hui perdu, et le long développement antijuif qui occupe les paragraphes 1 à 7 a été quelque peu délaissé. Dans le cadre d’une rubrique traditionnelle de la polémique, l’argumentation sur le Christ, Celsus exploite un dossier de testimonia tirés des prophètes tout à fait classique. Se mêlent cependant à cette matière traditionnelle des traits plus originaux. Ainsi le recueil de citations prophétiques est précédé d’un diptyque néo-testamentaire : les Mages et Syméon ont attesté la venue du Christ. Le rapprochement des Mages et de Syméon est fondé sur leur commune portée antijuive : ces deux épisodes furent autant d’occasions d’instruction pour le peuple juif. Ce faisant, Celsus renouvelle la portée que chacun de ces épisodes avait pu acquérir.
En nous appuyant sur l’édition préparée pour le Corpus Christianorum, nous nous arrêterons tout particulièrement sur l’utilisation qui est faite ici du personnage de Syméon, car elle montre comment l’auteur mêle élément traditionnels et exégèses moins répandues. La réécriture de la péricope évangélique de la Présentation au temple (Lc 2, 25-28), malgré un sens globalement clair, pose des problèmes d’interprétation qui tiennent au léger décalage entre la tradition patristique à propos de Syméon et ce qui est dit du personnage dans le texte. Deux traits retiennent l’attention : (1) Syméon est déclaré « aveugle » au moment où il entend l’avertissement de l’Esprit Saint ; (2) une fonction très précise lui est attribuée : s’il a vu, c’est pour instruire les juifs. Les deux traits sont liés et paraissent originaux dans la formulation que leur donne Vig.

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